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Politique nationale / Yédé Félicien, ancien conseiller technique au CESEC : "Si l'opposition veut survivre à l'hégémonie du RHDP pendant les prochaines décennies..."

Depuis la France où il séjourne pour des raisons de santé, Yédé N’guessan Félicien a accepté d’échanger avec nous sur la situation politique du pays. Journaliste de formation, Yédé Félicien a été successivement conseiller technique des présidents Tiémoko Yadé Coulibaly, Charles Koffi Diby et Aka Aouélé du Conseil économique, social, environnemental et culturel (CESEC). Il donne un avis pertinent sur la stratégie du RHDP face aux attaques répétées de l’opposition, et sur l’avenir du pays.


Yede 1

J'ai vécu les élections du 25 octobre 2025 depuis Paris avec beaucoup de frustrations parce que loin du théâtre des événements. J'ai été par moments habité par une grosse angoisse due aux menaces multiformes de déstabilisation que brandissait chaque jour l'opposition radicale. Elle parlait tantôt de mandat anticonstitutionnel, tantôt de radiation de ses leaders de la liste électorale sans qu’il y ait véritablement de réponse en face. Pourtant qui ne se souvient des manœuvres des différents régimes post-houphouëtistes qui se sont succédés, de Henri Konan Bédié à Laurent Gbagbo en passant par Robert Guéi, pour exclure l'actuel chef de l'État de la course à la magistrature suprême. Mais Dieu merci, les choses se sont globalement bien déroulées grâce au professionnalisme de nos forces de l'ordre, et surtout à la capacité du président Ouattara d’anticiper les évènements.

Si le président Ouattara prend sa retraite politique...

À l'entame de ce nouveau quinquennat que je qualifierais de quinquennat de la maturité, le RHDP, s'il veut renforcer ses acquis et se projeter dans un futur beaucoup plus lointain, doit miser davantage sur son organisation. En effet, jusqu’à présent, c’est la bonté divine qui nous a fait bénéficier de la vision d’un leader charismatique aux qualités managériales exceptionnelles. Oui, c’est Alassane Ouattara qui a garanti la cohésion et la force du RDR depuis 1994, et du RHDP unifié depuis 2018 en compensant largement ses insuffisances organisationnelles.
Or, si le président Ouattara doit prendre sa retraite politique, sa succession doit impérativement se faire de la meilleure des manières, avec des hommes et des femmes unis dans la discipline et ayant en ligne de mire cette communauté de destin. Cette union et cette discipline sont indispensables pour mériter l'héritage colossal qui sera légué. La première chose à laquelle je pense et qui doit venir en soutien à la nécessaire organisation ou réorganisation du RHDP, c'est l'affirmation encore plus prononcée de son idéologie de rassemblement, avec un accent tout particulier sur la philosophie humaniste qui le caractérise.

Le RHDP souffre d'énormes insuffisances organisationnelles

Le salut dans les décennies à venir pour le RHDP dépendra donc de son positionnement en tant que parti humaniste et véritablement panafricain. Il doit être un parti résolument tourné vers le pragmatisme, cet autre élément identitaire que j'appelle le « pragmafricanisme », et qui avait été initié par le père-fondateur de la Côte d'Ivoire moderne, Félix Houphouët-Boigny. Et c'est ce pragmafricanisme, c'est à dire l'ouverture de la Côte d'ivoire aux autres peuples que le président Ouattara, en authentique héritier du président Houphouët- Boigny s'efforce aujourd'hui de matérialiser comme un des moteurs essentiels de la vraie fraternité entre africains. En outre, il faudra renforcer la formation des militants de base afin de relever leur niveau de culture politique pour qu’ils partagent autour d’eux, les valeurs et principes du Vivre ensemble.

Si l'opposition veut survivre à l'hégémonie du RHDP pendant les prochaines décennies...

Maintenant, ce que je pense de l'opposition ? Si elle veut survivre à une éventuelle hégémonie du RHDP pendant les prochaines décennies, elle devra faire des propositions concrètes aux populations, au lieu de chercher à lui inoculer sa haine viscérale contre Alassane Ouattara et ses partisans…
La décision de Laurent Gbagbo et du PPA-CI de ne pas aller compétir aux élections législatives de 2025, est la réédition d'une pratique à laquelle ils ont habitué leurs militants et partisans durant de longues années. Ils savaient qu'ils seraient battus dans tous les cas de figure.

Les Ivoiriens espèrent une meilleure redistribution des fruits de la croissance

A mon humble avis, durant les cinq prochaines années, le président Ouattara et le RHDP devront concentrer leurs efforts sur le développement humain. Car les Ivoiriens espèrent une meilleure redistribution des fruits de la croissance.Il faudra poursuivre les réformes gouvernementales afin d’améliorer les conditions de vie de la population, et de relever le niveau du pouvoir d'achat des populations les plus défavorisées. C’est alors qu’on donnera un vrai contenu au concept de l'Ivoirien Nouveau, cher au président de la République.

Propos recueillis par Seydou Koné

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