Laboratoire d'investissement du secteur privé : le milliardaire nigérian Aliko Dangote entre à la Banque mondiale
L’Afrique est honorée par la reconnaissance internationale de l’une de ses plus grosses fortunes, le PDG du groupe Dangote. La nouvelle est tombée mercredi dernier, 23 avril 2025 à Washington, DC (USA). Aliko Dangote siègera désormais à la Banque mondiale aux côtés des patrons de grands groupes tels que Bayer AG, Hyatt Hotels Corp., AXA, HSBC, Macquarie, Mitsubishi UFJ Financial Group, Royal Philips, Standard Bank, Standard Chartered, Tata Sons ou encore Prudential plc. Avec ses pairs du « Laboratoire d'investissement du secteur privé », il aura pour mission de mettre en œuvre des solutions éprouvées à grande échelle.
Faire de la création d'emplois un moteur essentiel du développement
La Banque mondiale vient de passer à une autre étape du développement de son « Laboratoire d'investissement du secteur privé », avec l’entrée de nouveaux membres, essentiellement des leaders du secteur ayant une expérience de la création d'emplois dans les économies en développement.
Le Groupe de la Banque mondiale veut faire de la création d'emplois un moteur essentiel du développement. En effet, comme l’a indiqué son président, Ajay Banga :
« Grâce à l'élargissement de notre adhésion, nous intégrons ce travail à l'ensemble de nos opérations et le rattachons directement à la stratégie pour l'emploi qui sous-tend notre stratégie. (…) Il ne s'agit pas d'altruisme, mais d'aider le secteur privé à identifier la voie vers des investissements rentables et porteurs de croissance pour les populations et les économies. C'est au cœur de notre mandat. »
Les nouveaux membres du Lab exercent dans des secteurs essentiels à la création d'emplois tels que les infrastructures et l'énergie, l'agroalimentaire, la santé, le tourisme et l'industrie manufacturière. Ce sont, entre autres, Bill Anderson (Bayer AG), Sunil Bharti Mittal (Bharti Enterprises), Mark Hoplamazian (Hyatt Hotels Corporation) et le Nigérian Aliko Dangote (groupe Dangote).
Plus riche que Oprah Winfrey et potentiel acquéreur d’Arsenal
Né le 10 avril 1957 dans une famille de riches commerçants installés à Kano dans le nord du Nigeria, Aliko Dangote est un homme d'affaires d'origine Haoussa. Déjà, son grand-père, Alhassan Dantata était considéré comme l'homme le plus riche d'Afrique de l'Ouest. Son père, Mohammed Dangote s’était également enrichi dans l’exportation de l'arachide.
Après de solides études à la célèbre université al-Azhar du Caire (Egypte), Aliko Dangote se lance à son tour dans les affaires en 1977 à partir d’un prêt de son oncle : 500.000 nairas et 3 camions de ciments, à rembourser sur deux ans.
Son génie aidant, il finit par créer « Dangote Cement », et s’installe à la capitale, Lagos en 1980. Un an plus tard, il crée Dangoté Group et diversifie ses activités en entrant dans le sucre, l'importation de riz, la banque et l'industrie.
Ses affaires prospèrent tellement qu’en 2007, il conteste à Oprah Winfrey (à qui le magazine Forbes attribue un compte bancaire lourd 1,5 milliard de dollars) le titre de « personne noire la plus riche du monde ».
En 2007, il introduit 2 de ses 13 entreprises en bourse, au Nigerian Stock Exchange (NSE).
En 2013, il construit la plus grande usine de production de ciment d’Afrique de l’ouest, la « Obajana Cement Plant », et participe à la construction d’autres cimenteries à travers le continent (Afrique du Sud, Zambie, Éthiopie, Sénégal, Mozambique, Cameroun…). Il investit également 8 milliards de dollars dans la construction de la plus grande raffinerie de pétrole, capable de traiter 400.000 barils par jour. Trois ans plus tard, en 2016, il lance une banque 100 % digitale, la « SunTrust ». Rien n’arrête la Success Story du multimilliardaire nigérian qui essaie en 2020 d’acheter le club de football anglais Arsenal FC…
Cependant, l’entrée de Dangote au Lab de la Banque mondiale est aussi une revanche pour le brillant homme d’affaires, dont l’image a failli être ternie par une affaire de corruption. En effet, accusé par ses détracteurs d’avoir fricoté avec différentes dictatures militaires dans son pays, et d’avoir été proche de l’ancien gouverneur de la Banque centrale du Nigeria, Godwin Emefiele soupçonné de corruption entre 2014 et 2023, l’homme avait reçu en début d’année dernière la visite des inspecteurs de la Commission des délits économiques et financiers (EFCC).
Des solutions pour lever les obstacles les plus pressants à l'investissement
Au cours des 18 derniers mois, le Lab a fait plancher des dirigeants d'institutions financières mondiales sur l'identification des obstacles les plus pressants à l'investissement du secteur privé dans les pays en développement, et les a fait tester différentes solutions. Les travaux ont été regroupés en cinq axes prioritaires, intégrés à l'ensemble des opérations du Groupe de la Banque mondiale : certitude réglementaire et politique, assurance contre les risques politiques, risque de change, Junior Equity Capital, et Titrisation.
Dans le Lab dirigé par Shriti Vadera, présidente de Prudential plc, les nouveaux entrants rejoignent les grands patrons d'AXA, BlackRock, HSBC, Macquarie, Mitsubishi UFJ Financial Group, Ninety One, Ping An Group, Royal Philips, Standard Bank, Standard Chartered, Sustainable Energy for All, Tata Sons, Temasek et Three Cairns Group.
Livrant ses premières impressions, Shriti Vadera a déclaré : « Nous sommes reconnaissants envers les responsables du laboratoire qui ont contribué à l'obtention de résultats aussi importants lors de la première phase. Nous saluons le soutien de nos nouveaux membres pour poursuivre nos efforts sur cinq axes clés : la sécurité réglementaire et politique ; les garanties, instrument le plus largement utilisé et compris pour gérer les risques politiques et de crédit ; le risque de change ; l'adaptation des différentes formes de fonds propres ; et la création d'une classe d'actifs et d'un marché liquide pour attirer les fonds institutionnels. »
Quant au président Ajay Banga, il a conclu : « Nous sommes reconnaissants envers les responsables du laboratoire initial qui nous ont aidés à obtenir d'excellents résultats lors de la phase initiale de travail. (…) Nous poursuivons désormais sur cette lancée en intégrant d'autres responsables issus de secteurs clés pour la création d'emplois et en passant de la conception à la mise en œuvre. »
Seydou Koné
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