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Election présidentielle 2025 en Côte d'Ivoire : Le passage en force manqué de Gbagbo et Thiam

Candidats PR 2025

Ils seront cinq en course. Trois hommes et deux dames. Plus précisément, les Ivoiriens auront à choisir, le 25 octobre 2025, entre le président sortant et quatre opposants tous transfuges du FPI et du PDCI. Le Conseil constitutionnel, présidé par la magistrate Chantal Camara, vient en effet de trancher, ce lundi 8 octobre 2025, en début d’après-midi.

Alassane Ouattara affrontera donc Jean-Louis Billon, Ahoua Don Mello, Henriette Lagou et Simone Ehivet-Gbagbo dans les urnes. Si Billon est un transfuge du PDCI dont le candidat Tidjane Thiam a été recalé, Ahoua Don Mello et Henriette Lagou sont des anciens ministres de Laurent Gbagbo, et Simone Ehivet-Gbagbo, l’ancienne première dame.

ADO candidat 1

Pour comprendre l’échiquier politique ivoirien, il faut savoir que le RDR qui a porté Ouattara au pouvoir s’est fondu dans le RHDP. Que, après la présidence calamiteuse de Laurent Gbagbo (recalé), son parti a volé en éclat. Que Gbagbo a été contraint de céder le FPI à son ancien premier ministre Pascal Affi N’guessan (recalé), qu’il a réorganisé ses fidèles autour du PPA, et que Don Mello et Simone se sont partagés le reste. Et que Henriette Lagou Adjoua est aussi un transfuge du PDCI devenu par la suite pro-Gbagbo. Comme quoi, depuis la mort du président Bédié, le PDCI, pourtant ancien parti unique, part en vrille.

Sur la soixantaine de candidats, seuls ces cinq personnalités ont pu payer leur caution, déposer des dossiers complets et prouver qu’ils sont soutenus par au moins 1% de la population ivoirienne, toutes régions confondues. En effet, aucun dossier n’a été rejeté par la Commission électorale indépendante (CEI) ou le Conseil constitutionnel de manière abusive. Ni celui de Laurent Gbagbo, ni celui de Tidjane Thiam. A la vue donc de ces candidats en rupture de ban avec leurs partis soutenus par une partie de la population, on ne peut que conclure qu’il y a plus de politiciens que de partis politiques représentatifs en Côte d’Ivoire.

Ceci étant, la validation des candidatures proposées par la CEI n’est qu’une autre étape du processus. Car la suite pourrait nous réserver des surprises. En effet, l'opposition montre les dents depuis des mois. Elle sort même ses griffes. Entre menaces à peine voilées et discours insurrectionnels volontairement ambigus, les principales têtes, Tidjane Thiam et Laurent Gbagbo, tous deux juridiquement inéligibles, font entendre de la voix. Objectif : créer des conditions de perturbation du climat social suffisantes pour obliger le chef de l'Etat à utiliser l'article 75 de la Constitution. Il ferait alors entorse à la loi en autorisant leurs candidatures, et cet élément serait aussitôt retourné contre lui comme preuve que la Justice, la CEI et le Conseil constitutionnel ne sont pas indépendants.

Pour y parvenir, l’opposition est prête à tout, même si, pour l’heure, tout perturbateur est rapidement déniché et traduit devant la Justice pour répondre de ses actes. Dernier en date, le jeune Zigui présenté comme innocent par les uns, mais dont l'arrestation ne cesse d'émouvoir les affidés de Gbagbo. Mais, est-ce le calme avant la tempête ?

Gbagbo elections

Depuis des décennies, la haine a été savamment entretenue dans le coeur d'une partie des Ivoiriens par les politiciens de l'apocalypse. Ce vivier peut être utilisé à tout moment pour commettre l’irréparable sur l'autel des ambitions de leurs mandants. En effet, en échange de quelques promesses illusoires, ils en trouveront toujours pour détruire des infrastructures, perturber la circulation ou, pire, attenter à la vie d'innocentes personnes dans le but de provoquer des conflits inter-ethniques ou religieux. En 2020, ils avaient tiré sur le cortège d’un ministre, endommagé des infrastructures, incendié des commerces et un commissariat de police, et tué plus d’une dizaine de personnes. Rebelotte cette année ?

En face, et malgré les apparences, l’heure n'est pas, non plus, à la sérénité. En témoignent les nombreuses caravanes de renforcement de la cohésion sociale ou d'information qui sillonnent le pays, sur fond de rappel des heures chaudes où tout le monde pensait lutter pour la même cause… En effet, la jeunesse sacrifiée sous la présidence de Gbagbo, a perdu ses repères avec la promotion de la médiocrité et de l’impunité. Aujourd'hui, des millions de jeunes Ivoiriens ne croient plus aux vertus du travail, mais plutôt au gain facile. La promotion des valeurs d’intégrité a foutu le camp au profit de celle des cancres prêts à toutes formes d’immoralités pour rouler sur l'or.

Parallèlement, des militants qui ont risqué leurs vies pour un idéal ont été laissés pour compte, s'ils ne sont pas quotidiennement humiliés par ceux qu'ils avaient battu à plate couture. En effet, non seulement ces derniers ont été relevés et remis en selle, mais ils sont au cœur du système. Et là, se trouve la véritable difficulté.  D'où la question : face à une opposition qui ne présente pas d'alternative valable à Alassane Ouattara, le choix stratégique du RHDP qui a mis en hibernation le RDR va-t-il se montrer judicieux ? Si non, les soutiens naturels se mettront-ils au-dessus de leurs récriminations pour mouiller une nouvelle fois le maillot ?

ADO candidat 5

En d’autres termes, le pouvoir pourra-t-il compter sur la sincérité des nouveaux partenaires du RHDP, et sur la fidélité des militants du RDR à leur Mentor ?Comme on le voit, il s'agit d'une équation à plusieurs inconnues, car si la réponse à l'une seule de ces questions est "oui", alors les menaces de l'opposition ne seront que de la poudre aux yeux. Mais si la réponse aux deux questions est "non", alors, il est possible qu'une instabilité relative persiste dans ce pays pendant encore un bon moment. Car le RHDP a déjà montré ses failles en 2020, lorsque le président Henri Konan Bédié (PDCI) et Mabri Toikeuse (UDPCI), après avoir "bien mangé" au "restaurant" pendant une décennie ont retourné leurs vestes pour rejoindre un certain Conseil National de Transition (CNT) de triste mémoire aux côtés de Laurent Gbagbo, Pascal Affi N'guessan et autre Guillaume Soro...

CNT 2020

En conclusion, les dés sont jetés. Mais, croisons les doigts afin que la sagesse et le pardon habitent les uns et les autres, afin que la Côte d'Ivoire puisse poursuivre sereinement sa route vers le développement. Il serait vraiment dommage que toutes ces années de dur labeur soient remises en causes.

Seydou Koné

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