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C'est quoi la présomption d'innocence? L'ANP instruit encore les journalistes

ANP Academy

Malgré leurs efforts, de nombreux journalistes qui traitent les faits divers ou les questions de société dans les journaux glissent dans la diffamation ou violent le principe de la présomption d'innocence. C'est pour les outiller que l'Autorité nationale de la presse (ANP) a consacré ce jeudi 11 avril 2024 à son siège à Cocody-Angré la 27ème session de l'ANP Academy au thème, «Journalistes: comment concilier le droit du public à l’information et le respect du droit à la présomption d’innocence». Un sujet déjà traité en 2021. Mais les manquements et les confusions des journalistes ne s'arrêtent pas. Le président de l’ANP, Samba Koné, a donc invité les journalistes à faire preuve de prudence en ce qui concerne la vie privée d’une personne mise en cause. Il a annoncé que d’autres sessions sur la présomption d’innocence seront organisées pour continuer d'instruire les journalistes. Avant, c'est Maître Koné Dogbêmin, avocat au barreau d’Abidjan, qui soulignait que la présomption d'innocence est un principe de justice : avant qu'une accusation n'apporte la preuve de sa culpabilité, un individu est considéré comme innocent. Il a donc conseillé aux journalistes d'utiliser la terminologie judiciaire appropriée pour désigner les personnes poursuivies. Pour lui, il faut donc bien faire la différence entre un accusé, un inculpé, un mis en cause...«Le droit à l'information est limitée par la présomption d’innocence», a-t-il indiqué. Ce n'est pas parce que le journaliste doit informer son public qu'il doit prendre des libertés avec la présomption d'innocence. Le conférencier a donc exhorté les rédacteurs à être responsables dans leurs écrits. En le faisant, ils respectent par ricochet la déontologie de leur métier.
Raphaël Lakpé, journaliste sénior, ancien président de l’ANP a appelé ses confrères à prendre des précautions pour parler des sujets. "La présomption d'innocence oblige le journaliste à choisir ses mots. Elle oblige le journaliste à respecter la déontologie, la véracité des faits. C'est surtout une mise en garde contre la diffamation. La présomption d'innocence rappelle au journaliste qu'il doit être humble dans la narration des faits. Le journaliste n'est pas juge, un être omniscient encore moins un manipulateur", a-t-il rappelé. Pour respecter la présomption d’innocence d’une personne, Raphaël Lakpé a conseillé aux journalistes d’utiliser les initiales de l’accusé, de flouter son visage et de déformer sa voix pour éviter qu’il soit identifiable et d’utiliser des termes qui ne le condamnent pas, afin d'être en conformité avec les règles du métier. Le doyen a surtout à ses jeunes confrères de se spécialiser à travers les formations. Ce qui permet de maîtriser le vocabulaire lié à tel ou tel sujet.

Bambara Tetié

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