Gabon : Reporters sans frontières a rencontre le président Brice Clotaire Oligui Nguema à Libreville
A Libreville, RSF a rencontré le président du Gabon et lui a adressé ses recommandations pour promouvoir la liberté de la presse
Alors que le Gabon a connu une progression en matière de liberté de la presse ces dernières années, passant de la 121e place en 2020 à la 41e en 2025, Reporters sans frontières (RSF) s’est rendue à Libreville, la capitale, afin de rencontrer les autorités et les médias. La délégation a été reçue en audience par le président Brice Clotaire Oligui Nguema et deux ministres de son gouvernement afin de leur adresser des recommandations pour garantir le libre exercice du journalisme.
“Vous êtes libres”, a insisté le président gabonais à l’adresse des journalistes présents à l’audience lors de la visite d’une délégation de RSF à Libreville le 9 septembre, avant de rappeler le besoin de professionnalisme des reporters : “l'œil qui a vu ne ment pas”.
Cinq mois après l’élection du président Brice Clotaire Oligui Nguema, le directeur général de RSF Thibaut Bruttin et le directeur du bureau de l'organisation pour l’Afrique subsaharienne, Sadibou Marong, lui ont adressé leurs recommandations pour garantir pleinement le libre exercice du journalisme.
“La progression rapide du Gabon en matière de liberté de la presse ces dernières années est une réussite à souligner et le pays, en mettant en place les actions publiques nécessaires, a tout pour devenir un modèle dans une sous-région où l’espace pour le journalisme diminue. Lors de cet entretien, qui pourrait marquer le début d’un engagement renforcé de RSF au Gabon, j’ai appelé le président à devenir bâtisseur d’un cadre renouvelé pour la liberté de la presse. Les solutions sont sur la table pour l’économie des médias, pour la fin des convocations de journalistes devant les forces de sécurité et pour renforcer l’action de la HAC.”
Thibaut Bruttin, Directeur général de RSF
Le Gabon a connu une progression rapide en matière de liberté de la presse : le pays a gagné 80 places en cinq ans et y occupe désormais la 41e place sur 180 pays et territoires. A son arrivée au pouvoir en août 2023, le président avait annoncé vouloir aider la presse à “faire son travail” et à “le faire bien”. Depuis, les conditions d’exercice du journalisme se sont encore améliorées et plusieurs journalistes exilés ont pu revenir dans le pays. Mais certains obstacles persistent : convocations de journalistes – au moins quatre en ont fait l’objet depuis le début de l’année –, accès difficile aux sources officielles, manque de moyens de l’autorité de régulation, la Haute autorité de la communication (HAC), code la communication aux articles flous, faible soutien financier pour les médias…
Parmi les recommandations présentées par RSF au président et au gouvernement gabonais figurent :
la publication d’une circulaire à destination des magistrats et des services de sécurité rappelant que seul le code de la communication devait s’appliquer pour répondre aux délits de presse, et non le code pénal
la refonte de certains articles du code de la communication qui, en l’état, peuvent donner libre cours à une interprétation extensive, qui pourrait museler la presse
l’augmentation du budget de la Haute Autorité de la communication (HAC)
la transparence sur les aides publiques directes ou indirectes (publicité d’Etat, annonces légales) ainsi que leur attribution, afin d’en proposer une révision au moyen de la Journalism Trust Initiative (JTI) et de les compléter avec d’autres mesures (régime fiscal allégé pour les médias, par exemple)
L'audience a eu lieu en présence du ministre gabonais de la communication et des médias, Paul-Marie Gondjout, et de son collègue de la justice, Séraphin Akure-Davain. Des membres du mouvement pour la liberté de la presse, dont le président de la section locale de l’Union internationale de la presse francophone (UPF), Désiré Ename, le directeur de publication des journaux La Loupe, L’Aube, ainsi que du site d’information Gabon Clic, Alphonse Ongouo, le directeur du site d’informations Gabonactu.com, Yves-Laurent Goma, y ont pris part aux côtés du directeur général de Gabon Télévision Jean Robert El Mut Moutchinga Boulingui et de son adjoint Gabin Atiga. Laetitia Ngalibika, directrice générale de Gabon 24 et Lin-Joël Ndembet, directeur de publication du quotidien L’Union étaient également présents.
Rencontres avec les acteurs de la presse
Lors de sa visite à Libreville, la délégation de RSF a également rencontré Germain Ngoyo Moussavou, le président de la HAC, l’organe de régulation des médias. Selon lui, le pays compte 193 journaux, 77 radios, 42 télévisions et 179 médias en ligne. “L’instance de régulation privilégie la pédagogie avec les médias, ce qui nous amène à ne plus prononcer de suspension depuis quelque temps,” a déclaré le président de la HAC dont le mode de nomination des neuf membres est considéré, par le secteur journalistique, comme manquant d’indépendance. “Cette rencontre a permis d’échanger sur des sujets cruciaux comme la nécessité de réintégrer les journalistes dans le processus de nomination des membres de la HAC”, a souligné Thibault Bruttin.
La délégation a également visité les locaux des médias privés Gabon Media Time (GMT), Gabonreview et Gabon Actu.
Le Gabon occupe la 41e place sur 180 pays et territoires au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2025.
Source : RSF
CP Reporters Sans Frontières (RSF)
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